Chaque été, les fleurs éclatent de couleur et le potager est en pleine effervescence, je retrouve avec joie mon petit coin de jardin réservé aux plantes tinctoriales. Cultiver ses propres pigments, c’est comme créer une palette vivante à même la terre, mêlant beauté, écologie et créativité. Juillet est le mois idéal pour commencer les récoltes et transformer ces trésors naturels en teintures uniques pour tissus.
La magie des plantes tinctoriales à cultiver sous le soleil de juillet
J’aime choisir des variétés à la fois décoratives, faciles à cultiver et riches en pigments. Parmi mes préférées, la garance des teinturiers (Rubia tinctorum), avec ses racines rouges puissantes, est un incontournable pour les tons chauds. Elle demande un peu de patience car ses racines doivent avoir deux ou trois ans pour être récoltées, mais quelle récompense !
Le pastel des teinturiers (Isatis tinctoria) offre de superbes bleus, obtenus à partir de ses feuilles, par un procédé de fermentation fascinant. Quant au chou rouge, souvent cultivé au potager, il donne un éventail de teintes selon le pH utilisé (rose, violet, bleu). Enfin, les fleurs de souci (Calendula officinalis) sont non seulement bénéfiques pour le sol et les insectes pollinisateurs, mais elles procurent un joli jaune doré, idéal pour des teintures lumineuses.
Voici un petit tableau récapitulatif des plantes à cultiver et des couleurs obtenues :
Plante tinctoriale | Partie utilisée | Couleur extraite | Type de sol idéal |
Garance | Racines | Rouge brique à carmin | Sol léger et calcaire |
Pastel | Feuilles | Bleu profond | Sol drainé et ensoleillé |
Chou rouge | Feuilles | Violet, rose, bleu | Sol frais, riche |
Souci (Calendula) | Fleurs | Jaune chaud | Sol ordinaire, ensoleillé |
Le moment idéal pour récolter les fleurs et les racines
En juillet, je commence par cueillir les fleurs de souci dès qu’elles sont bien épanouies. Il vaut mieux les récolter en fin de matinée, quand la rosée s’est évaporée. Je les fais ensuite sécher à l’ombre quelques jours pour une meilleure conservation.
Pour le chou rouge, on prélève quelques feuilles sans abîmer le plant. Je veille à bien laver les feuilles pour éviter toute impureté dans la teinture.
Quant à la garance, la récolte des racines ne se fait qu’après deux ou trois ans de culture. En attendant, je profite de son feuillage décoratif. Pour le pastel, les feuilles peuvent être récoltées dès qu’elles sont bien développées, généralement en juillet, mais leur fermentation est un art à part entière !
Des méthodes d’extraction simples et naturelles pour vos premières teintures
Je privilégie des techniques douces, qui ne nécessitent ni produits chimiques ni matériel coûteux.
- Infusion à chaud : idéale pour les fleurs comme les soucis ou les feuilles de chou rouge. Je hache la matière végétale, je la couvre d’eau, puis je la chauffe doucement (sans bouillir) pendant 30 à 60 minutes. Ensuite, je filtre et j’obtiens un bain de teinture prêt à l’emploi.
- Fermentation (pour le pastel) : ici, on laisse les feuilles macérer dans de l’eau tiède avec un peu de chaux pendant plusieurs jours. On obtient un précipité (indigo), que l’on récupère et qu’il faudra ensuite réduire dans un bain alcalin pour teindre.
- Décoction des racines (garance) : je râpe les racines, les fais tremper une nuit dans l’eau froide, puis je chauffe le tout lentement pour extraire les rouges profonds.
Les secrets pour fixer durablement les couleurs sur le tissu
Une teinture naturelle a besoin d’un petit coup de pouce pour résister au lavage et à la lumière. Je procède donc au mordançage, une étape incontournable.
- Pour le lin ou le coton, je laisse tremper les tissus dans un bain de vinaigre blanc dilué ou de sel de fer (à utiliser avec parcimonie pour ne pas trop foncer les couleurs). Je les rince ensuite avant de les plonger dans le bain de teinture.
Voici un aperçu des mordants que j’utilise le plus :
Mordant utilisé | Effet sur les couleurs | Adapté aux tissus |
Vinaigre blanc | Fixation légère, tons plus vifs | Coton, lin |
Sel de fer | Assombrit les teintes | Fibres naturelles |
Alun (facultatif) | Couleurs plus lumineuses | Soie, coton, laine |
Des idées créatives et DIY pour mettre en valeur vos teintures
Je ne résiste jamais à l’envie de transformer mes couleurs végétales en objets du quotidien. Les foulards en lin sont parfaits pour les débuts : une teinture rapide, un tissu léger et un résultat toujours poétique.
On peut aussi teindre de petits pochons pour offrir des graines, des nappes ou serviettes de table, ou encore réaliser des tentures murales aux motifs tie-dye ou shibori (pliages et attaches avant la teinture pour créer des motifs).
Et pourquoi ne pas organiser un petit atelier avec des enfants ou des amis ? Chacun repart avec son tissu teint et un souvenir unique.
Une expérience sensorielle et poétique à partager tout l’été
Travailler avec les plantes tinctoriales, c’est bien plus qu’une activité créative : c’est renouer avec des savoir-faire anciens, observer la nature avec attention, et se réjouir de chaque transformation.
On découvre que le jaune du souci change selon la lumière, que le bleu du pastel demande de la patience, et que même un légume comme le chou rouge devient un artiste à sa manière. On se met à regarder différemment les fleurs du jardin, à vouloir tester des feuilles de ronce, des pelures d’oignon, des coquelicots ou des noyaux d’avocat.
Alors si, comme moi, vous aimez allier jardinage, nature et création, lancez-vous dans l’univers des couleurs végétales. Laissez vos tissus tremper dans des bains de fleurs, échangez vos astuces entre passionnés, et faites entrer un peu de magie dans vos étés.
Et vous, quelles plantes avez-vous déjà testées pour leurs couleurs ? Partagez vos trouvailles, vos projets et vos recettes dans les commentaires, et cultivons ensemble un jardin haut en nuances !