Je n’aurais jamais cru devoir composer avec un insecte aussi redouté que le frelon asiatique. Et pourtant, dans mon jardin, entre les rosiers, les herbes aromatiques et les ruches que j’ai eu la folie douce d’installer, leur présence est devenue une réalité saisonnière. On l’observe de plus en plus souvent dans les coins de verdure, au-dessus des composts, ou en train de rôder autour des haies fleuries. Mais alors, que faire ? Faut-il éradiquer, fuir ou s’adapter ? J’ai choisi une autre voie : celle de la cohabitation raisonnée, douce, mais ferme. Et si, ensemble, on repensait notre rapport à cet envahisseur, sans perdre de vue notre amour profond pour le vivant ?
Le frelon asiatique, un visiteur envahissant, mais pas invincible
Originaire d’Asie du Sud-Est, le frelon asiatique (Vespa velutina) est arrivé en France dans les années 2000. Depuis, il s’est propagé rapidement. Il est connu pour sa prédation redoutable des abeilles, mais aussi pour sa capacité à s’adapter à divers milieux, y compris les jardins urbains.
Contrairement à ce que l’on croit souvent, le frelon asiatique n’est pas systématiquement agressif envers l’humain. Il défend son nid s’il se sent menacé, mais il ne nous attaque pas sans raison. Cela dit, lorsqu’on jardine, qu’on récolte ou qu’on taille, on peut facilement se retrouver sur son territoire sans le savoir. D’où l’importance de savoir comment l’identifier, anticiper ses comportements et adopter les bons gestes.
Observer sans paniquer : comprendre pour mieux agir
Je me suis mise à observer leurs allées et venues, comme on surveille un voisin bruyant, mais discret. Et j’ai remarqué quelque chose de frappant : ils suivent des trajectoires bien définies, souvent en quête de nourriture sucrée ou protéinée (viande, poisson, insectes).
Voici quelques astuces pour mieux cohabiter avec eux sans les attirer inutilement :
Situation à risque | Ce qu’on peut faire pour limiter l’attirance |
Compost non couvert | Fermer le composteur, surtout en été |
Fruits tombés au sol | Ramasser rapidement les fruits mûrs ou pourris |
Eau stagnante | Changer régulièrement l’eau des coupelles ou bassins |
Repas en extérieur | Couvrir les plats et boissons, surtout sucrés |
Ruche à proximité | Installer des pièges sélectifs loin de la ruche |
Le piège sélectif maison : une solution douce pour réguler sans massacrer
Je me suis lancée dans la fabrication de pièges faits maison, mais surtout sélectifs, pour ne pas impacter d’autres insectes utiles. Voici une formule que j’ai testée avec succès :
- Une bouteille en plastique coupée en deux.
- Un appât composé de bière brune, un peu de sirop et du vin blanc (qui repousse les abeilles).
- Des trous latéraux à 1,5 cm de diamètre (les frelons y passent, pas les papillons ni les abeilles).
On suspend le piège à plus de 2 mètres du sol, de préférence à distance des zones de vie et des ruches. On le vide et le nettoie toutes les semaines. C’est une manière responsable d’agir, sans tomber dans la chasse aveugle.
Les plantes alliées : une barrière naturelle et esthétique
J’ai aussi découvert qu’en plantant certaines espèces végétales, on peut limiter la fréquentation des frelons. Ce sont des plantes peu attractives pour eux, mais très utiles pour nous, jardiniers :
Plante utile | Avantage |
Menthe poivrée | Répulsive naturelle, pousse bien en pot ou en pleine terre |
Citronnelle | Aide à éloigner frelons et moustiques |
Tanaisie | Fleurs jaunes décoratives et répulsives |
Lavande | Très attractive pour les abeilles, pas pour les frelons |
Romarin | Parfum intense peu apprécié des frelons |
Vivre avec sans s’enchaîner : des gestes de vigilance pour un quotidien serein
Vivre avec le frelon asiatique, ce n’est pas s’y résigner, c’est apprendre à ajuster ses habitudes. On évite de tailler des haies ou des arbres à l’aveugle à la fin du printemps ou en été, car c’est souvent là qu’ils installent leurs nids. On peut faire appel à des professionnels pour détruire les nids en hauteur, notamment ceux situés à proximité des habitations.
J’ai aussi appris à transmettre cette vigilance à mes enfants, en leur montrant la différence entre abeilles, guêpes, frelons européens et asiatiques. Un petit jeu d’observation que l’on transforme en atelier éducatif et ludique.
Cultiver la biodiversité, c’est aussi apprendre à composer avec l’inattendu
La nature, je l’aime dans sa richesse et sa complexité. Et cohabiter avec le frelon asiatique m’a enseigné une chose essentielle : on ne peut pas tout contrôler, mais on peut apprendre à vivre en harmonie. Chaque nouvel arrivant, même non désiré, nous pousse à être plus attentives, plus créatives, plus solidaires.
Alors à toi, lectrice ou lecteur, passionné(e) de fleurs, de potager, d’aromatiques ou de permaculture : et si tu faisais de cette présence un défi naturel à relever ? Expérimente les plantes répulsives, installe des nichoirs pour mésanges (qui peuvent manger les jeunes frelons), construis un hôtel à insectes et observe.
Et surtout, partages tes trouvailles, car plus on échange entre amoureux de la terre, plus notre jardin devient un écosystème vivant, résilient et inspirant.