Créer une mare naturelle dans son jardin, c’est bien plus qu’un choix esthétique. C’est une démarche profondément écologique, un pas vers un petit écosystème vivant, autonome et riche de biodiversité. J’ai décidé un jour de transformer un coin de mon jardin un peu trop humide en véritable havre de paix aquatique, et depuis, c’est devenu le cœur battant de mon petit royaume vert. Mais pour que cette mare continue à vivre harmonieusement, quelques gestes d’entretien sont incontournables, simples à mettre en œuvre et passionnants à explorer. Voici mes conseils, mes astuces et mes erreurs aussi, pour préserver au mieux une mare naturelle.
Laisser faire la nature tout en l’accompagnant : c’est tout un art !
Dans une mare naturelle, on pourrait croire qu’il suffit de creuser un trou et d’attendre que la vie s’y installe. C’est partiellement vrai : la nature fait bien les choses. Mais sans un minimum de vigilance, la mare peut s’envaser trop vite, devenir envahie d’algues ou se retrouver déséquilibrée.
Personnellement, je privilégie une intervention douce. Par exemple, je n’enlève jamais plus d’un tiers des plantes aquatiques en une seule fois. Cela évite de perturber la faune qui y a élu domicile : grenouilles, libellules, notonectes ou tritons dépendent de cet équilibre. On peut accompagner la nature, mais sans jamais la brusquer.
Les plantes aquatiques jouent un rôle crucial dans la santé de la mare
Les plantes aquatiques ne sont pas là que pour faire joli. Elles filtrent naturellement l’eau, limitent le développement des algues et offrent refuge à de nombreux insectes.
Dans ma mare, j’ai opté pour un mélange de plantes oxygénantes (comme l’élodée ou le potamot), de plantes flottantes (comme la lentille d’eau ou l’hydrocharis) et de plantes émergentes (massettes, iris des marais, menthe aquatique). Leurs rôles sont complémentaires.
Astuce : on peut créer des poches de plantation dans des paniers aquatiques remplis de terre argileuse et de gravier, pour faciliter la gestion et éviter que certaines plantes ne deviennent trop envahissantes.
La gestion naturelle des algues et de la vase
Les algues filamenteuses peuvent devenir un véritable fléau, surtout au printemps. On pourrait être tenté d’y aller franchement, mais là encore, la clé, c’est la modération. Je retire les excès manuellement, en enroulant les algues autour d’un bâton. C’est fastidieux, mais ça fonctionne.
La vase, quant à elle, s’accumule inévitablement. Tous les deux ou trois ans, je procède à un curage partiel, en automne de préférence, quand l’activité de la faune est réduite. Attention : on ne vide jamais totalement une mare naturelle ! Une extraction douce, à la main ou à la pelle plate, suffit à maintenir un bon équilibre.
Pensez à bien maintenir une berge vivante et variée
Les abords de la mare jouent un rôle capital dans l’équilibre global. J’ai installé autour de la mienne un mélange de plantes locales : carex, scirpes, reines-des-prés, salicaires. Elles fixent les berges, abritent les pollinisateurs, et offrent un lien direct entre l’eau et le reste du jardin.
J’ai aussi pensé à créer des zones d’accès en pente douce, avec des galets ou des marches de bois. Cela permet aux petits animaux (et parfois aux hérissons !) de boire sans se noyer, et aux crapauds de sortir de l’eau après la reproduction.
Quelques idées pour enrichir la biodiversité de sa mare
Voici un petit tableau avec des idées concrètes que j’ai testées au fil des saisons :
Action à mener | Bénéfice écologique | Période idéale |
Installer un tas de bois mort à proximité | Favorise les insectes, amphibiens et microfaune | Toute l’année |
Ajouter un hôtel à insectes en zone humide | Aide les pollinisateurs et les auxiliaires | Printemps/automne |
Laisser des zones de prairie non tondues autour | Crée un refuge pour la faune terrestre | De mai à septembre |
Introduire des plantes indigènes des zones humides | Préserve la flore locale et attire les insectes spécialisés | Printemps |
Observer et noter les espèces rencontrées | Suivre l’évolution et adapter l’entretien | Toute l’année |
Ce qu’il vaut mieux éviter (et ce que j’ai appris à mes dépens)
Dans mon enthousiasme, j’ai parfois commis des erreurs : ajouter des poissons rouges, par exemple, fut un échec. Ces poissons mangent les œufs d’amphibiens et troublent l’eau. Même chose pour les produits anti-algues du commerce : ils ont déséquilibré mon eau plus qu’autre chose.
Et puis, il y a l’envie de trop nettoyer. J’ai compris qu’une mare vivante est une mare un peu sauvage, un peu fouillis, et que c’est ce désordre apparent qui fait toute sa richesse.
Une passion à partager, expérimenter et faire évoluer
Entretenir une mare naturelle, c’est entrer dans une relation intime avec un microcosme vibrant. On y apprend l’humilité, la patience, la joie de découvrir chaque année de nouveaux habitants, et la nécessité de s’adapter.
Je vous encourage, vous qui aimez les fleurs, les légumes, les insectes, les oiseaux, à intégrer une mare dans votre jardin, quelle que soit sa taille. Même un simple tonneau transformé en bassin peut devenir un petit paradis pour la biodiversité.
Prenez le temps d’observer, d’expérimenter, de noter vos découvertes. Transformez cette zone en un laboratoire poétique, où l’eau rencontre la terre et où le vivant prospère.
Et vous, quels petits êtres ont élu domicile dans votre mare cette année ? Partagez vos expériences, échangeons nos trouvailles : c’est aussi cela, le vrai plaisir du jardinage au naturel.